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Polaroid entretient savamment une gamme d’appareils instantanés qui s’élargit cette fois avec l'I-2, un nouveau modèle mariant le charme du vintage aux technologies modernes.
Présentation
Quand Edwin Land créa le Polaroid Land95 en 1948, il était sans doute très loin d’imaginer la descendance qu’allait engendrer son premier modèle d’appareil photo instantané, du mythique SX-70 (1972) aux nombreuses déclinaisons du Polaroid600, tous popularisés par le célèbre format carré à bord blanc.
La géniale invention d’Edwin Land a pourtant connu une triste fin en 2008, puis une étonnante renaissance. Sous l’impulsion d’anciens employés de la firme et de Florian Knaps, Polaroid est revenu sur le devant de la scène avec d’abord la création d’Impossible Project, l’appellation Polaroid Original, puis la reprise définitive du nom Polaroid en 2017. Les célèbres petites images carrées sont aujourd’hui conçues et fabriquées avec des composants plus modernes et une formulation en phase avec les nouvelles réglementations imposées par l’Union européenne.
Un parfum vintage savamment entretenu
L’écosystème Polaroid est aujourd’hui organisé autour de nombreux modèles, dont les Polaroid Now Generation2 et Now+ Generation et le Polaroid Go Generation2, différents types de films instantanés et même des imprimantes auxquels vient désormais s’ajouter le PolaroidI-2 de dernière génération. Issu du PolaroidI-1, lancé en 2016 et qui n’a pas vraiment rencontré le succès espéré, le PolaroidI-2 a été développé à partir de 2018 avec pour ambition de respecter l’esprit vintage cher à Polaroid avec un positionnement cette fois haut de gamme, comme c’était le cas à l’époque du SX-70. Pour arriver à leurs fins, les ingénieurs de Polaroid ont mis les bouchées doubles, associés à des ingénieurs opticiens japonais pour développer une optique de qualité.
Ce qui est beau est cher
Commercialisé depuis début septembre à un tarif conseillé de 700€, le PolaroidI-2 confirme son positionnement très haut de gamme. Avec un tarif que beaucoup jugeront prohibitif, il ne propose guère mieux en qualité d’image que ce que sont capables de produire les Polaroid Now Generation2/Now+ Generation et le Polaroid Go Generation2. À ce tarif, les adeptes de l’instantané revendiqueront un appareil très complet, bien plus abouti que ses prédécesseurs, mais tributaire de la qualité des films qui sont les mêmes pour tous les appareils.
Coût de la photo
Le coût d’un tirage Polaroid est une sempiternelle rengaine qui, apparemment, ne semble pas gêner les utilisateurs, qu'ils soient amateurs ou artistes ayant fait de l’image instantanée une plus-value créative. Pourtant, avec un prix unitaire d’environ 2,12€ pour un pack i-Type de huit images à 16,99€ (couleur ou N&B), le coût d'un tirage est très élevé. Polaroid propose des packs i-Type en différentes configurations (blanc, golden, noir…) regroupant selon les versions de trois à cinq films qui pourront contribuer à réduire le coût unitaire. Ces packs intéresseront surtout les gros consommateurs.
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Prise en main
Le PolaroidI-2 est un appareil bien né, agréable et simple à manipuler avec un poids léger d’un peu plus d’un kilo (1,26kg). Malgré son aspect un peu lisse, le revêtement qui le recouvre assure une bonne préhension. Une petite sangle optionnelle permet de le porter à bout de main. À l’avant, l’objectif trouve sa place au centre, comme sur tous les Polaroid. Il possède une bague de mise au point et une autre de correction d’exposition crantée de +3à-3. À sa droite, nous trouvons le flash et le déclencheur situé juste en dessous. Bien placé, il trouve naturellement sa place sous l’index de la main droite. À sa gauche se situe le système d’aide à la mise au point de l’autofocus. Sur le flanc gauche, un petit curseur donne accès au logement du film. Une fois actionné, le curseur libère la trappe et il suffit d’introduire le film dans le bon sens, très bien indiqué sur le dessus du pack. Pour mémoire, l’appareil est compatible avec les films Polaroid600 et PolaroidSX-70, en plus des films iType.
Optique savamment étudiée
Mis au point avec l’aide d’ingénieurs opticiens japonais, l’objectif du PolaroidI-2 est un 98mm f/8-64 avec une formulation reposant sur trois éléments en polycarbonate et en acrylique traités avec un revêtement antireflet. L’AF repose sur un module LiDAR très efficace. La mise au point s’effectue de 0,4m à l’infini et nous avons eu du mal à le prendre en défaut, même en basse lumière. L’obturateur couvre une plage de 1/250 à 30s et dispose d'un mode de pose longue pouvant aller jusqu’à 99h.
Un viseur bien informé
Le viseur au dos est plutôt agréable, mais ne comporte pas de correcteur dioptrique, ce qui pourra handicaper certains porteurs de lunettes (dont nous faisons partie…). Ce viseur est parfois ébloui par des sources de lumières vives, gênant à la visée. Bien conçu, il affiche de nombreuses informations comme la plupart des paramètres de prise de vue, ainsi que les indications de correction d’exposition, le rappel du mode flash, le témoin de charge de la batterie et le nombre de prises de vue restantes. Polaroid a également eu le bon goût d’ajouter un indicateur de correction de la parallaxe.
L’arrière de l’appareil est sobre avec une prise USB-C pour la recharge et une petite prise sync 2,5mm pour la connexion d’un flash externe. En dessous de l’appareil, un filetage au pas Kodak standard permet de le fixer sur un trépied, bien utile pour les photos de groupe ou pour des selfies. Ne manque qu’un petit miroir en façade pour être complet.
Une app en guise de télécommande
Le PolaroidI-2 est un appareil automatique multimode débrayable, entendez par là qu’il pourra fonctionner totalement en mode auto, priorité à l’ouverture, priorité vitesse ou manuel. L’appareil offre aussi un mode de surimpression jusqu’à quatre images avec correcteur d’exposition et retardateur. Toutes ces fonctions sont accessibles sur l’appareil via un petit écran Oled monochrome.
L’application Polaroid (iOS, Android) assure le contrôle de l'I-2 dans ses moindres recoins. Elle se connecte à l’appareil via Bluetooth. Son interface est plutôt facile à utiliser et se comporte comme une télécommande permettant d’activer n’importe quel mode, comme nous le ferions avec directement sur l’appareil.
Réactivité
Comme avec tous les modèles de Polaroid, la mise sous tension de l'I-2 est très rapide et l’appareil est immédiatement opérationnel. Une fois les paramètres de prise de vue effectués, il n’y a qu’à appuyer sur le déclencheur. Une fois la capture effectuée, la photo est instantanément éjectée et recouverte d’un petit film noir pour la protéger de la lumière. On la glissera dans une poche ou on la retournera pour l’abriter de la lumière directe et continuer le développement “instantané” —qui n’en a que le nom puisque l’image définitive prendra au bas mot entre 15 à 20min pour revêtir son aspect définitif. L'instantané n’en a donc que le nom, mais cela ne semble pas rebuter les utilisateurs. Comparé aux images délivrées par les appareils Instax de Fuji, il y a encore du chemin parcourir sur ce plan…
Qualité d'image
Comme nous l’évoquions au début de ce test, la qualité d’image produite par l'I-2 n’est pas à proprement parler tributaire de l’appareil, mais à ce que sont aujourd’hui capables de délivrer les films i-Type de Polaroid.
De façon générale, le flash peut être laissé actif dans n’importe quelle condition de prise de vue. Lorsqu’il y a suffisamment de lumière, il n’aura pas d’incidence sur la qualité de l’image, mais il pourra servir utilement à déboucher un portrait ou un premier plan. Si l’on se réfère au standard de l’imagerie numérique, ou encore de son concurrent Instax, le rendu colorimétrique n’est pas ce qu’il y a de plus fidèle et, surtout, est très caractéristique des films i-Type.
Difficile de dire si un Pola est issu de l'I-2 ou de n’importe quel autre produit Polaroid. C’est bien dommage, car cet appareil, très bien conçu et positionné haut de gamme, est capable de livrer des images bien nettes, plutôt bien exposées, mais desservies par des couleurs très éloignées de la réalité. Là encore, les Instax de Fuji se montrent bien meilleurs. C’est peut-être avec les films noir & blanc que l’appareil se montre finalement sous son meilleur jour.
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Points forts
Fabrication soignée.
Multimode.
Retardateur.
Surimpression.
Flash désactivable.
Rechargement USB-C.
App mobile iOS et Android.
Pas de vis trépied standard.
Points faibles
Lenteur de… l’instantané.
Rendu des couleurs.
Coût du tirage.
Pas de miroir à selfie.
Tarif élevé.
Conclusion
Note globale
Comment fonctionne la notation ?
On n’aime ou on n’aime pas l’esprit de l’instantané, mais rien à faire: le charme de l’ancien joue pleinement en faveur du Polaroid I-2. Le boîtier ne démérite pas techniquement et reste très agréable à utiliser et manipuler. Intelligemment pensé, servi par une optique de qualité et un système autofocus performant, l’appareil n’est finalement pénalisé que par la qualité des films i-Type, très éloignée des standards imposés aujourd’hui par la photographie numérique, smartphone en tête. Ce que réfuteront bien sûr les aficionados du “Pola”, qui ne jurent que par le format carré et n’attendent pas autre chose que le “rendu Polaroid”.
Sous-Notes
- Réactivité
- Qualité d'image
- Prise en main